Le Club des Cordeliers

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Le Club des Cordeliers :

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Voici l’ambiance du « Club des Cordeliers » décrite par Chateaubriand :

« Auprès de la tribune nationale, s’étaient élevées deux tribunes concurrentes: celle des Jacobins et celle des Cordeliers, la plus formidable alors, parce qu’elle donna des membres à la fameuse Commune de Paris, et qu’elle lui fournissait des moyens d’action. Si la formation de la Commune n’eût pas eu lieu, Paris, faute d’un point de concentration, se serait divisé, et les différentes mairies fussent devenues des pouvoirs rivaux.
Le club des Cordeliers était établi dans ce monastère, dont une amende en réparation d’un meurtre avait servi à bâtir l’église sous Saint Louis, en 1259.
Les tableaux, les images sculptées ou peintes, les voiles, les rideaux du couvent avaient été arrachés ; la basilique, écorchée, ne présentait plus aux yeux que ses ossements et ses arêtes.
Au chevet de l’église, où le vent et la pluie entraient par les rosaces sans vitraux, des établis de menuisier servaient de bureau au président, quand la séance se tenait dans l’église. Sur ces établis étaient déposés des bonnets rouges, dont chaque orateur se coiffait avant de monter à la tribune.
Cette tribune consistait en quatre poutrelles arc-boutées, et traversées d’une planche dans leur X, comme un échafaud. Derrière le président, avec une statue de la Liberté, on voyait de prétendus instruments de l’ancienne justice, instruments suppléés par un seul, la machine à sang, comme les mécaniques compliquées sont remplacées par le bélier hydraulique.
Le Club des Jacobins épurés, emprunta quelques-unes de ces dispositions au Club des Cordeliers.
 Les orateurs, unis pour détruire, ne s’entendaient ni sur les chefs à choisir, ni sur les moyens à employer; ils se traitaient de gueux, de filous, de voleurs, de massacreurs, à la cacophonie des sifflets et des hurlements de leurs différents groupes de diables.
Les métaphores étaient prises du matériel des meurtres, empruntées des objets les plus sales de tous les genres de voirie et de fumier, ou tirées des lieux consacrés aux prostitutions des hommes et des femmes. Les gestes rendaient les images sensibles; tout était appelé par son nom, avec le cynisme des chiens, dans une pompe obscène et impie de jurements et de blasphèmes.
Détruire et produire, mort et génération, on ne démêlait que cela à travers l’argot sauvage dont les oreilles étaient assourdies.
Les harangueurs, à la voix grêle ou tonnante, avaient d’autres interrupteurs que leurs opposants: les petites chouettes noires du cloître sans moines et du clocher sans cloches s’éjouissaient aux fenêtres brisées, en espoir du butin; elles interrompaient les discours.
On les rappelait d’abord à l’ordre par le tintamarre de l’impuissante sonnette; mais ne cessant point leur criaillement, on leur tirait des coups de fusil pour leur faire faire silence: elles tombaient palpitantes, blessées et fatidiques, au milieu du pandémonium. Des charpentes abattues, des bancs boiteux, des stalles démantibulées, des tronçons de saints roulés et poussés contre les murs, servaient de gradins aux spectateurs crottés, poudreux, soûls, suants, en carmagnole percée, la pique sur l’épaule ou les bras nus croisés.
Les plus difformes de la bande obtenaient de préférence la parole. Les infirmités de l’âme et du corps ont joué un rôle dans nos troubles: l’amour-propre en souffrance a fait de grands révolutionnaires.
 D’après ces préséances de hideur, passait successivement, mêlée aux fantômes des Seize, une série de têtes de gorgones. L’ancien médecin des gardes du corps du comte d’Artois, l’embryon suisse Marat, les pieds nus dans des sabots ou des souliers ferrés, pérorait le premier, en vertu de ses incontestables droits. Nanti de l’office de fou à la cour du peuple, il s’écriait, avec une physionomie plate et ce demi-sourire d’une banalité de politesse que l’ancienne éducation mettait sur toutes les faces : «Peuple, il te faut couper deux cent soixante-dix mille têtes!»
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Club des Cordeliers
Marat (Masque mortuaire)
Le Club des Cordeliers
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À ce Caligula de carrefour succédait le cordonnier athée, Chaumette:

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Club des Cordeliers
Chaumette 
Le Club des Cordeliers
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 Celui-ci était suivi du procureur général de la lanterne, Camille Desmoulins, Cicéron bègue, conseiller public de meurtres, épuisé de débauches, léger républicain à calembours et à bons mots, diseur de gaudrioles de cimetière, lequel déclara qu’aux massacres de septembre, tout s’était passé avec ordre … »
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 Camille Desmoulins
Le Club des Cordeliers
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